La Vie Est Si Belle
Quatorze chansons, toutes écrites et composées par lui, où Tomaselli nous embarque avec sa façon séduisante de poser sa voix, même légèrement patinée par le temps, tel un Guy Marchand un peu cynique. Sujet prédominant : des amours trop tôt finies, Le sémaphore, Depuis j’traîne. La nostalgie côtoie parfois une danse tourbillonnante pleine d’espoir : « J’ai trop d’parties gratuites / Au flipper de mes nuits / On se double, on se quitte / On se dit quelle chienne la vie » (Mes bouteilles à la mer ). D’ailleurs la mer est une autre de ses sources d’inspiration. Il nous confie qu’une nuit de tempête et d’insomnies lui a soufflé cette « Larme à la mer [qui ] vient du temps qui passe » qui tangote sur l’ Hôtel du Nord, reprise de l’album Plumes nomades. Légères ou tristes, ses amours dansent ou voguent sur des bateaux blancs, souvenir de ses périples autour du monde. Point d’eau nous emporte dans des rythmes envoûtants dans une savane en flamme, où les panthères ne sont pas toutes des fauves dangereux.
Souvenirs ou fantasmes, la Fatale aventurière, L‘inconnue de l’Orient express, sont regrets ou occasions manquées, et Captain Nemo parle de rêve de succès : « J’ai enfin le pouvoir / Oui, j’ai trouvé les mots / Et ma chanson d’amour / Passe à la radio ».
Il sait aussi toucher profondément en abordant les sujets éternels, le temps qu’on voudrait arrêter : « Bousculer le ciel, casser les miroirs / À double tour, enfermer dans l’armoire / Sa peur du noir », le travail qui fait perdre les rêves (Le métallo). Et sa plus belle déclaration d’amour va à l’Insomnie qui partage ses nuits : « Dans un corps à corps, une passion douloureuse / Tu me fais l’amour, comme une mante religieuse » sur une splendide et déchirante mélodie.
Tomaselli finit l’album sur une musique plus légère que son thème : « J’m’en irai, j’m’en tirerai quand même / J’mentirais si j’disais que j’en ai d’la peine », nous promettant un retour sur un « bateau nénuphar » dans un chœur joyeux de bouquet final. N’arrêtez pas votre platine, elle tourne encore. Et puis, le sous-titre, Acte 1, ne nous laisse-t-il pas attendre une suite ?